Démarche artistique

À notre aire de l'image, il existe plusieurs façons de créer ou de reproduire la réalité sur une surface. En choisissant de peindre sur du canevas, j'ai aussi choisi d'embrasser la bidimensionnalité du médium. Les formes que j'y couche demeurent en surface, sans souci de volume.



Mes outils de prédilection sont la canette aérosol, quelques spatules, des pastels grasses et le graphite brute. Le mouvement se fait sentir dans mon travail par le geste brusque de mon trait, mais surtout dans les coulisses de peinture que je laisse descendre en abondance. La peinture coule, elle se déplace par elle-même et son résultat est aléatoire, en fonction de la gravité et de la quantité de peinture dans le jet.



En tant que cinéaste, j'aime introduire le mouvement dans ma peinture. Mais j'attache encore plus d'importance à la narrativité qui se dégage de ma création en choisissant méticuleusement des titres évocateurs qui projètent les images vers l'extérieur du cadre. Une sorte de micro-scénarisation concentrée en quelques mots.



Depuis dix ans, ma palette est passée par différente phase, d'une période rouge à une période bleue, jusqu'à ce que le spectre des couleurs s'ouvre entièrement pour inclure même certaines tonalités métalliques, tels des ors, bronzes, argents et chromes. Ce qu'ont en commun ces palettes est le décalage avec la réalité que j'ai toujours recherché, en ligne droite avec le fauvisme. 



J'aime que mes toiles attirent le regard et le garde pour un petit moment. Les zones de contrastes offrent cette prise au regard. Je m'assure donc de ne pas combiner les couleurs entre elles, préférant les confrontations franches aux dégradés qui les allient. J'introduis ainsi des conflits chromatiques dans la création de portraits.

Je peins essentiellement des visages ou des corps, avec une attirance particulière pour la bouche et ses multiples expressions, ramenant continuellement l'humain au centre de ma réflexion picturale.

Alexandre Chartrand est un peintre et cinéaste québécois. Il a réalisé le long métrage La Planque (2004) et produit le documentaire Lemoyne (2005). Il travaille comme monteur image depuis le début des années 2000, entre autres pour le documentaire Godin (Simon Beaulieu, 2011) pour lequel il gagne un prix Gémeaux, en plus de réaliser plusieurs vidéoclips, documentaires télévisuels et courts-métrages. De 2003 à 2011, il offre des ateliers de montage et de réalisation pour plusieurs organismes et institutions, dont les activités culturelles de l'Université de Montréal, et il est invité à parler à plusieurs reprises devant les étudiants du département d'Études cinématographiques de l'Université Laval. Son parcours en arts visuels comprend deux expositions de photographie, les soirées de performances Les Décapantes en diable(de 2002 à 2004) et quatre expositions solo de peinture (Totalitarisme économique 2010, Hommage à Godin 2011, On se fait tous fourrer 2012 et Dix ans 2013).

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Alexandre Chartrand is a Québécois painter and filmmaker. He directed La Planque (2004) and produced the documentary Lemoyne (2005), two feature films that were screened in theatres across Québec and in Toronto. In addition to directing several music videos, television documentaries and short films, he also works as film editor since the early 2000. Chartrand was recently awarded a Gémeaux (French-Canadian TV Awards) for best documentary film editing for Godin (Simon Beaulieu, 2011). His career in the visual arts includes two photography exhibitions, the performance evenings Les Décapantes en diable (from 2002 to 2004) and four solo painting exhibitions (Totalitarisme économique 2010, Tribute to Godin 2011, We're All Getting Screwed 2012 and Decade 2013).